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L’énergie selon Jordan Bardella : plus chère, plus polluante, moins souveraine

« Je veux que la France redevienne un paradis énergétique. » Cette promesse de Jordan Bardella pourrait être prononcée par l’ensemble des candidats aux élections européennes du 9 juin, tant elle semble consensuelle. Malgré l’absence d’un programme détaillé sur les questions énergétiques et climatiques, les interventions publiques du candidat du Rassemblement national (RN) et le programme de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022, qui fait toujours référence pour le parti d’extrême droite, permettent d’entrevoir un futur plus sombre. Les mesures proposées par le RN laissent apparaître un « cauchemar énergétique » plutôt qu’un paradis : des factures d’énergie plus élevées pour les Français, des émissions de gaz à effet de serre en hausse, et une dépendance plus grande aux importations. Une note du laboratoire d’idées de centre gauche Terra Nova publiée début mai, rédigée par Nicolas Goldberg, expert des politiques énergétiques, explique qu’il s’agit d’un « programme de soumission plutôt que de souveraineté ».
Le premier axe est celui de l’électricité – qui représente 25 % de la consommation d’énergie en France. Dans tous les scénarios énergétiques, la part de l’électricité dans la consommation d’énergie augmente – c’est d’ailleurs aussi ce que prévoit le RN dans son programme. Pour Jordan Bardella, la manière de réussir la transition énergétique consiste à développer fortement l’énergie nucléaire et à arrêter immédiatement le développement de l’éolien et du solaire. Mais cette orientation se heurte à une réalité industrielle. Le prochain réacteur nucléaire à être construit en France ne sera pas connecté au réseau avant 2038 au mieux. D’ici là, tous les experts s’accordent sur le fait qu’il n’y a qu’une solution pour augmenter nos capacités de production : développer les éoliennes et les panneaux solaires, qui comptent aujourd’hui pour environ 15 % de notre production d’électricité.
Concrètement, cela veut dire que le RN propose un double pari : premièrement que les réacteurs nucléaires actuels pourront tous être prolongés au-delà de cinquante ans de fonctionnement – ce qui n’est pas impossible, mais n’a jamais été fait en France. Deuxièmement que ces réacteurs vont produire plus d’électricité qu’aujourd’hui, ce qui est extrêmement peu probable, puisqu’ils sont en fin de vie. Conséquence très directe : dans les quinze prochaines années, le RN devra soit proposer de construire de nouvelles centrales à gaz, ce qui sera plus émetteur et plus cher, soit augmenter les importations d’électricité des pays voisins.
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